C’est pour de vrai #4
Cette chronique n’a pas pour vocation à mettre en avant une profession plus qu’une autre, critiquer des “rêves” d’enfants et encore moins de les stigmatiser.
Mais je ne peux occulter le questionnement qui m’anime depuis que j’ai vécu cette situation sur le terrain. Généralement, mes ateliers de lecture se déroulent en banlieue parisienne, dans des établissements qui sont classés en REP (réseau d’éducation prioritaire). Après la lecture, je débats avec les enfants sur le contenu du livre tout en modérant les interactions entre eux.
Souvent, je suis amenée à expliquer aux élèves ce qu’est le métier d’éditeur, le processus d’écriture et de publication d’un ouvrage. Ceci m’amène souvent à leur poser la question suivante : quel métier souhaites-tu exercer quand tu seras grand :
Footballeur pour plus de la moitié des garçons de la classe. Infirmière ou maîtresse pour les filles, à quelques exceptions près.
Je n’ai pas de chiffres ou de statistiques. Je n’affirme pas que cette situation est commune à tous les établissements publics en REP. En tout état de cause, plus les enfants donnaient leurs réponses, plus je m’interrogeais sur le “pourquoi de ces choix” et de la posture que je devais tenir.
Les personnes travaillant avec les enfants savent qu’on doit souvent réfléchir vite, peser le pour et le contre. Deux choix s’offraient à moi : “M’émerveiller” et encourager Questionner ces choix Finalement, j’ai combiné les deux. La réponse des enfants a été très claire : le foot c’est pour gagner de l’argent. Ce qui est dérangeant à mon sens, c’est le côté restreint et limité du champ des possibles.
Il y a clairement un impact direct entre l’environnement dans lequel ces enfants évoluent et les métiers que l’entourage direct ou indirect exerce. Finalement, ces enfants n’ont fait que citer des métiers valorisés et valorisants dans leur sphère quotidienne. Mais pour autant, est-ce suffisant ?Oui, si c’est réellement ce qu’ils souhaitent faire.
Alors à votre avis, sommes-nous censés appuyer leur “rêve” peu importe ce qu’on en pense ou leur dire “allez plus loin, rêvez plus grand” ?
